On se demande parfois dans quel pays nous vivons. Un gouvernement (un président ?) tout seul de son côté projette de bouleverser le mode d’élection des élus locaux et les médias et les partis d’opposition n’en disent pas grand chose, semblant considérer que c’est normal.
Il s’agit bien essentiellement d’un scrutin uninominal à un tour. Un mode de scrutin qui complètement étranger à la tradition électorale française et qui n’est appliqué que dans un seul pays en Europe : la Grande-Bretagne qui a organisé depuis des siècles sa vie politique autour. (C’est d’ailleurs, le grand argument des responsables UMP : « personne ne prétend que la Grande-Bretagne n’est pas une démocratie », notons en passant, que l’argument est très discutable un gouvernement britannique peut gagner les élections avec seulement 35% des voix comme Tony Blair en 2005, c’est à dire avec 65% des électeurs qui n’ont pas voté pour lui et que par exemple, aucun écologiste n’a jamais pu être élu au parlement, vous avez dit démocratie ?)
Ce mode de scrutin appliqué directement à la vie politique française se traduirait pas un raz de marée à droite celle-ci ayant fait son « unité » dans l’UMP, quand la gauche et le centre maintiennent des sensibilités diverses. Il faut d’ailleurs refuser de parler ici de « division » : il est sain qu’il y ait des sensibilités diverses et que celles-ci gouvernent en coalition comme dans tous les autres pays européens.
On peut très bien imaginer que dans la plupart des cantons l’UMP puisse gagne avec 30-35% alors qu’elle sera minoritaire (voire 25%).
Le correctif de 20% à la proportionnelle pour les minorités qui permettra à l’UMP de jouer les grands seigneurs : « vous voyez, nous on représente les minorités », n’est en fait qu’une perversité supplémentaire. Ce correctif incitera nombre de petits partis à se présenter pour en bénéficier, faisant ainsi baisser le résultat du candidat arrivé second, le plus souvent le PS. Ceci faisant passer encore plus d’UMP en tête les faisant ainsi élire. D’autant que les petits partis seront rarement bénéficiaires de ces miettes électorales les 20% serviront le plus souvent qu’à sauver quelques sièges socialistes et ils n’en auront eux pratiquement aucun. La boucle est bouclée, l’UMP peut ainsi sans coup férir prendre le contrôle de l’essentiel des départements et régions tout en étant minoritaire dans le pays !
Signalons enfin que ce système permettra toutes les manipulations comme celle consistant à susciter des candidatures dissidentes pour empêcher un opposant d’arriver en tête et donc d’être élu.
Il est étonnant que les démocrates de ce pays semblent laisser faire une telle arnaque électorale !
Raoul d’Andrésy